Construire un poulailler bioclimatique

Au chaud l'hiver, au frais l'été et toute l'année au sec, dans un poulailler serre, les poules sont comme des coqs en pâte. Comment le construire ? En matériaux de récup' bien sûr ! Nos conseils pour réaliser cet abri confortable pour pas cher.

A l'origine de ce projet ambitieux : la curiosité d'élever de nouvelles poulettes régionales, un gamin fâché avec la géométrie - mais doué pour le bricolage - et l'envie de vider utilement une grange pleine d'objets de récup'. Sans compter l'opportunité de trouver à la déchetterie des fenêtres en bon état jetées par des gens soucieux d’améliorer isolation de leur maison. En général, l'entreprise qui remplace les simples vitrages, et qui a facturé leur débarras, est toujours contente de s'épargner un voyage à la benne. Une aubaine pour qui a envie d'une petite serre pas chère et pas standard, qui chaufferait le poulailler en hiver.

Où placer le poulailler ?

Les poules se plaisent à l'ombre en été, mais elles ont besoin de lumière en hiver. Au point que les éleveurs qui craignent la panne hivernale en œufs frais éclairent leur poulailler. L'installer près d'une paroi ou d'un rideau d'arbres est donc a priori une bonne idée, mais, attention, avec les grands arbres dont l'ombre portée s'étire dès 16 heures en été, côté ouest, il faut que la serre en soit éloignée d'au moins la hauteur des arbres pour être utile. Mon poulailler est orienté nord-sud, à la limite des frondaisons d'un vieux noyer au nord-ouest, et au bout du potager. La partie poulailler se trouve au nord de la serre. Elle est isolée du froid par une soupente, utile pour stocker la nourriture et du matériel de jardinage. Il est pratique d'avoir cet ensemble "poulailler-serre" près du jardin, d'abord pour distribuer rapidement la verdure dont les poules raffolent, mais aussi pour qu'elles y aient accès, en déroulant pour cela une clôture mobile (depuis la porte du poulailler) selon le parcours désiré, voire pour leur confier le brassage du compost.

Quelle dimension, quelle configuration ?

L'édifice que nous avons bâti mesure 4 m de long sur 4,25 m de large, soit 1,50 m de large, côté poulailler, 1 m de soupente sur piquets et 1,75 m de large côté serre. Ses dimensions sont suffisantes pour cultiver assez de verdure pour régaler deux personnes en hiver, abriter les boutures, préparer les semis et les plants fragiles au printemps, avancer de quinze jours la récolte de cinq plants de tomates, cultiver une vingtaine de salades et un mètre de persil, de coriandre, d'estragon et autres aromates sensibles au froid et en prolonger la récolte de trois semaines en automne. Comme les façades sont en fenêtres, toute la partie serre est ouvrante. De juin à septembre, elle reste ouverte sur les côtés. Le haut de la paroi de séparation avec le poulailler est aussi composé de petites fenêtres permettant de ventiler le poulailler en été. En hiver, elles prodiguent un appoint de chaleur et de lumière qui améliore le confort des poules. Mais si c'était à refaire, j'éloignerais davantage cette construction pour qu'elle se trouve à sept ou huit mètres des frondaisons du noyer, car, à partir d'août, il ombrage trop la serre dans l'après-midi.

Le matériel nécessaire à la construction de mon poulailler-serre :

Pour le poulailler :

16 parpaings de 10 cm, 20 parpaings de 20 cm.
9 demi-chevrons de 2 m de long.
27 m² de planches bouvetées.
Pour la paroi nord : 2 poutres de 10 x 11 cm x 1,30 m de long.
Pour le faîtage : 1 poutre de 10 x 5 cm x 4 m de long.
2 portes de 1,70 m x 70 cm.
Pour l'encadrement des portes : 4 poutres de 10 x 11 cm x 1,70 m de long.

Pour la serre :

14 parpaings de 20 cm.
20 cm d'épaisseur de grosses pierres pour le muret, installé côté sud.
2 poutres de 10 x 11 cm x 2 m de long et 1 demi-chevron pour l'encadrement de la porte - 3 poutres de 10 x 11 cm x 1,42 m de long - 1 poutre de 10 x 5 cm x 4 m de long.
4 battants de fenêtre 2 x 60 cm en façade - 8 battants de fenêtre 2 m x 55 cm environ pour le toit - 2 battants de fenêtre de 1,75 x 1,45 m.
1 fenêtre de 0,80 x 1,60 m.
Les restes de planches bouvetées pour le pignon est.
Du Plexiglas.
3 lambris de 7 cm (pour le pignon ouest qui est amovible)
4 m de voile anti-grêle de 1,75 m de large.

La préparation du projet

D’abord, recenser les sources : si vous envisagez de construire un tel poulailler, c'est que vous êtes bricoleur. Donc, vous avez des stocks et sans doute aussi des copains avec qui vous échangez volontiers un bric-à-brac qui s'accumule généralement dans tous les espaces abrités, au point d'ailleurs qu'en quelques années, tout est plein et quasi inaccessible. Pour ma part, j'éprouve une vraie satisfaction à bricoler en puisant dans les stocks et en achetant le minimum. Mais cela suppose une exploration des richesses accumulées, carnet et mètre en main. Le mètre, c'est pour prendre les dimensions de tout ce qui s'avérerait utile pour le projet ; le carnet, pour noter ces informations, car sans notes, vous n'aurez pas fait dix mètres que vous aurez oubliés les cinq vitres de 38,5 x 87 cm qui vous avaient fait sauter de joie cinq minutes auparavant. Donc, on note et on range. On peut même écrire au crayon gras les mesures sur les matériaux mis de côté pour le projet, ce qui évite beaucoup d'énervement et facilite les gamberges. Cette méthode est si efficace que je tiens désormais un carnet "ressources" dans lequel sont recensés les stocks par catégories : battants de fenêtre, vitres, tôles, chevrons, etc.

Ensuite, dessiner le plan…

C'est là que commence la phase sympa du projet. Si vous avez des enfants de huit/douze ans eux aussi motivés par la construction d'un abri à poules, invitez-les à y réfléchir, car ce n'est pas une mince affaire de tirer parti au mieux d'éléments disparates. Voici un exemple de question rencontrée : quelle surface utile peut-on tirer de trois battants de fenêtre de 2 x 52 cm, sachant qu'on en a aussi deux de 1,98 m x 67 cm ? C'est du calcul, de la géométrie version pratique. Autres questions à résoudre : là où il neige, une pente de 50° est recommandée pour le toit, mais combien faut-il de tuiles pour réaliser la surface nécessaire, sachant que leur recouvrement est d'un tiers de leur longueur et que le stock en contient de plusieurs longueurs ? Un exercice qui peut réconcilier avec les maths, d'autant plus que l'objectif, c'est que les poules soient bien. À partir de la liste de matériaux disponibles, il faut souvent plusieurs ébauches pour dessiner les contours d'un abri, opaque d'un côté, vitré/aéré de l'autre. Une fois le dessin mis au point et coté, reste à dresser la liste des matériaux manquants.

Prévoir l’ancrage du bâtiment

Les tempêtes sont de plus en plus fréquentes, donc on fait des fondations pour bien asseoir le bâtiment.

Vue générale de la structure. Côté gauche, au sud : la serre (1,75 m de large), côté droit : l'abri des poules (1,50 m de large).

Une fondation de 30 cm compte une rangée de parpaings enterrés sur tout le périmètre du bâti (serre + abri).
La soupente à l'arrière est soutenue par de simples pieux de clôture. En fait, elle n'était pas prévue, mais comme on avait lancé un avis de recherche pour les tôles du poulailler, un voisin en a apporté un lot de plus longues que nécessaire. On en a tiré parti en rallongeant l'arrière du poulailler d'un petit espace de rangement, qui, en prime, fait tampon thermique au nord. La pente du toit ainsi prolongée améliore aussi la résistance au vent de l'édifice, car elle descend de 2 m à 1,30 m du sol de ce côté.
Les parpaings de 20 cm d'épaisseur sont collés sur une semelle de mortier de 5 à 7 cm répandu sur un hérisson en pierres. On peut prendre des parpaings de 15 cm, mais pour ce projet, nous avons choisi du 20 cm, car leurs cavités permettaient d'y sceller en guise de montants des poutres restant d'un autre chantier. La base des poutres a été criblée de gros clous avant d'être noyée dans du mortier dans les cavités encadrant les portes et aux quatre coins de l'édifice.
Côté serre, un muret a été élevé le long des plates-bandes pour éviter de heurter les vitres en jardinant.
Côté poulailler, ce sont deux rangs de parpaings de 10 cm qui ont été installés.
Côté jardin, un muret en grosses pierres maçonnées à l'argile haut de 20 cm surmonte la fondation en parpaings.
Au final, le poulailler construit en 2005 a résisté à de sévères tempêtes, l'endroit, situé en haut d'un vallon, étant assez venteux.

Les détails de la construction

La structure et l’aménagement extérieur

Le poulailler-serre a été construit à partir d'une structure en bois comprenant des poutres de 10 x 11 cm pour les montants, de 10 x 5 cm pour les sablières et le faîtage, des demi-chevrons pour le toit du poulailler et des battants de fenêtre en chêne de 2 m de long pour la partie serre.
L'arrivée d'un lot de tôles de 3 m de long a permis de prolonger le toit au nord par une soupente, posée sur de simples pieux en châtaignier, qui améliore l'isolation du poulailler en planches bouvetées. Les parois et le sous-toit sont en planches de parquet non raboté (une récup'). Des tôles sont vissées sur un sous-toit en planches pour l'isoler des écarts de température. Le poulailler est divisé en deux, car à l'époque, la partie ouest devait servir d'abri pour des moutons. On a donc deux abris mitoyens de 1,50 x 2 m. Comme l'exposition ouest n'est pas idéale, car c'est de là que viennent pluie et vent, elle est fermée par une porte bloquée entrouverte côté sud-est.
À l'origine, les poules n'habitaient que le côté est, où une petite trappe a été ménagée dans la paroi à côté de la grande porte. Quand les moutons sont partis, leur abri est devenu le poulailler des vacances, avec une volière fermée accolée au pignon du toit de l'abri et de la serre.
La partie serre a d'abord été couverte en fenêtres vissées sur le faîtage du poulailler et sur une sablière au sud. Un violent orage de grêle a tout cassé en 2010, depuis, la serre est couverte de voile anti grêle blanc. On peut, selon le climat et les ambitions du jardinier, se contenter d'une couverture de ce voile qui fait gagner en moyenne 4 °C sur la température extérieure et à l'avantage de permettre à la pluie d'arroser la serre. Ce qui est utile, car l'un des inconvénients majeurs des serres, c'est la sécheresse et leurs gros besoins en arrosage. On peut aussi doubler un toit en polycarbonate avec ce voile pour le préserver de la grêle. Le polycarbonate est plus solide que le verre, mais il n'est pas non plus invincible et chaque impact crée une fuite prompte à encrasser les canaux de la double paroi endommagée. Enfin, si vous optez pour le seul voile en couverture, il faut prévoir un débord du toit du poulailler d'environ 20 cm de large pour en protéger la paroi de la pluie. Dans les régions de vergers, on récupère facilement des fins de rouleaux de ce voile qui se fait rare en jardinerie. On peut aussi s'en procurer auprès d'un chef de chantier, car il sert dans le bâtiment à protéger les passants des chutes de matériaux de construction. Un tasseau de 3 cm de côté tous les 50 cm suffit à tendre le voile. Pour une couverture en polycarbonate, comptez un demi-chevron (7 x 3 cm d'épaisseur) tous les 50 cm pour soutenir des plaques de 2 m de long (attention au poids de la neige au-delà). On peut aussi les fixer sur des fers en T de 2 m (à acheter au rayon clôture des magasins de bricolage) avec du mastic silicone dit neutre.

L’équipement intérieur du poulailler

Une planche en bois de 15 cm de large (posée sur deux tasseaux) sert de perchoir ; elle est amovible pour faciliter son nettoyage. Les poules y accèdent par une échelle en perchettes de châtaignier non écorcées de 3 cm.
Elles disposent ainsi un nid aménagé dans un ancien placard de cuisine et un autre dans un panier d'osier, même si les nouvelles arrivées préfèrent nicher par terre.
Le vitrage haut chauffe le poulailler en hiver. En été, il est doublé d'une planche, côté serre, pour apporter de l'ombre.
L'abri, côté ouest, dispose aussi d'un petit grenier (constitué d'un cadre grillagé de 70 cm de large, posé sur des tasseaux fixés dans les parois du poulailler) dans lequel je stocke paille et orties pour l'hiver.
Le sol est en terre battue, et évidemment plein de "nids de poule" que je remplis régulièrement avec de la cendre froide. En hiver, il est tapissé d'une bonne couche de fougère, une litière saine et insectifuge.

L’équipement de la serre

Dans la serre, côté poulailler, un double rang de parpaings de 10 cm d'épaisseur isole la paroi du sol et permet de cultiver soit des semis soit des boutures dans une sorte de petite banquette (30 cm de large) cernée, côté allée, par une planche maintenue par de petits piquets.
Au bout de cette plate-bande, une table permet de cultiver d'autres semis à l'abri des limaces, de rempoter, de préparer les étiquettes, etc.
Une vieille échelle grillagée posée à plat traverse le fond de la serre perpendiculairement à la table, sous le toit, pour sécher les récoltes en été.
L'allée est un passe-pied minimal (30 cm). Il y a aussi une plate-bande de 1,10 x 4 m dans laquelle se succèdent salades d'hiver, tomates, aromatiques et parfois de l'ail primeur.

Poules et jardin : Patricia Beucher