On entend parfois dire qu'on peut nourrir ses poules de pain et de lait. Certes, elles adorent cela, mais ce n'est pas pour autant que cela doit constituer leur quasi unique régime alimentaire, sauf en de rares exceptions.
Les poules adorent le pain et le lait. Et forcément, on se dit que, si elles aiment ça, c'est que cela doit leur être bénéfique. Mais, pas si vite ! Il faut tordre le cou à l’idée que les animaux n’aimeraient que ce qui leur est profitable. C’est globalement vrai, surtout pour les animaux sauvages vivant dans un environnement non contraint qu'ils ont appris à connaître au cours de l'évolution. Mais ça l'est moins pour des animaux domestiques, même s'ils ont de beaux restes d'instinct. Par exemple, si vous nourrissez insuffisamment un animal domestique, il n'est pas rare qu'il se mette à consommer les aliments à sa disposition, pourtant néfastes à sa santé.
Les poules élevées sur de très grandes surfaces retrouvent ou conservent leur instinct de glanage sélectif. À moins que ce ne soit la diversité de l'offre qui les incite à diversifier leur régime alimentaire sans excès. Par contre, quand elles sont élevées sur des surfaces très petites, il n'est pas rare de les voir consommer abusivement certains aliments. Prenons l'exemple du tournesol. En général, elles en raffolent. Souvent elles trient dans leur mangeoire pour ne consommer que cette succulente graine noire. Si elles disposent d'un parcours très vaste, riche d'alternatives au contenu de leur mangeoire, pas de problème. Elles vont se goinfrer de tournesol, mais, in fine, celui-ci ne représentera qu'un petit pourcentage de ce qu'elles auront ingurgité. Dans un environnement très restreint et appauvri en aliments à glaner, la poule va se replier sur sa mangeoire et plus particulièrement sur ce qu'elle aime, avec du tournesol. Or ce dernier, comme presque toutes les graines oléagineuses, est très intéressant pour son apport en protéines, mais un taux régulier au-delà de 10 à 15 % devient dangereux pour sa santé. C'est un peu comme pour l'alcool chez les humains : une graine, ça va, deux graines, bonjour les dégâts !
Du pain à volonté ?
Il n'y a pas de contre-indication particulière à leur donner du pain à volonté,
si ce n'est que c'est insuffisamment nourrissant. À l'instar du tournesol, elles en raffolent,
surtout mouillé. Dans ce cas, il faut faire attention, car trop d'eau dans l'alimentation entraîne
des diarrhées, suivies à terme de complications sanitaires diverses. Il faut donc surveiller
l'état des fientes et, si elles deviennent trop molles, cesser de fournir cette pâtée trop aqueuse
pendant quelque temps. Mais, répétons-le, du pain sec ou mouillé ne saurait représenter la ration unique des volailles. Par contre, le fait que les poules en raffolent, est un détail à prendre en compte par l'éleveur pour mieux équilibrer les rations.
Les poules n'aiment pas certains aliments qui pourtant leur seraient salutaires.
Elles les trient dans la mangeoire et les délaissent.
Pour ceux qui possèdent un moulin, il est intéressant dans ce cas de composer des pâtées
avec du pain mouillé majoritaire, en ajoutant, en farine ou concassées, les graines qu'autrement
ces dames snoberaient. Tout est donc question de dosage.
Au-delà d'une certaine proportion, elles refusent la pâtée, pensant qu'on les prend pour des concombres.
Et du lait avec le pain ?
Attention, le lait, c'est particulier : poules et poussins ne disposent pas des enzymes nécessaires pour le digérer. Le lactose n'étant pas digéré par les volailles, à l'instar de 50 % de la population humaine mondiale, il entraîne des diarrhées, avec les conséquences que l'on sait. Par contre, le lait est un très bon fournisseur de protéines et de lipides. C'est ainsi que l'on finit d'excellentes poulardes et coqs vierges et qu'on nourrit de somptueux chapons.
Le lait doit donc être distribué avec parcimonie, en surveillant les fientes pour ajuster le dosage. Mais tout dépend du but de votre élevage. Pour vos deux poules dont vous espérez les œufs en souhaitant qu'elles vivent le plus longtemps possible, mieux vaut éviter ce type d'aliment qui les engraisserait inutilement. Mais pour l'élevage de poulets de chair ou pour leur finition, pas de problème. Cela leur conférera ce petit supplément de graisses interstitielles qui, en fondant, fera de votre rôti le plus sublime que vous ayez mangé.
Poule & Jardin Octobre 2018