Que n’entend-on pas sur les coqs ! Aussi, pour en finir avec bien des idées reçues et pour rétablir quelques vérités, voici tout ce qu’il faut savoir avant de décider si on en introduit un dans la basse-cour.
Un coq, pour quoi faire ?
Pour ceux qui ont envie d’élever des poussins, le coq est évidemment indispensable. Sans lui, pas de fécondation des œufs et donc pas de ces si fondantes petites boules de duvet à admirer que sont les poussins.
Si vous êtes tentés, n’oubliez pas qu’un coq officie dès sa maturité -qui varie entre 4 et 8 mois selon les races- et qu’il poursuit ses dames et ses assiduités toute l’année, même si les poules ne couvent généralement qu’au printemps.
A propos de l’activité reproductrice des coqs, vous entendrez peut-être parler de « coq clair ». L’expression signifie que l’animal est stérile. Cela arrive, exactement comme les poules qui ne pondent jamais. Mais c’est assez rare, et bien d’autres causes font accuser à tort un coq d’infertilité.
De vraies beautés !
Le coq est aussi introduit au poulailler pour faire le beau. Car le spectacle du coq dans la basse-cour, le manège de ses assiduités envers ses protégées, sont allure fière et altière font comprendre, rien qu’à l’observer, d’où viennent sa renommée et le fait qu’il soit devenu notre emblème national. Il est vrai qu’en France, nous avons quelques beaux spécimens.
Le coq français et son costume de flamme en impose. Toutes nos volailles noires, à crête simple, dont la tenue sombre et rehaussée par le rouge vif de la crête et les barbillons, sont aussi superbes. Les crêtes originales leurs confèrent déjà parfois une autorité déjà soupçonnée dans l’allure et la fixité du regard. De ce point de vue, la crête frisée du Coucou de Rennes ou du coq d’Alsace fait merveille. Mais c’est sans doute le coq de la Flèche, avec sa spectaculaire crête à cornes, qui en impose le plus ! On dit que le coq de Faverolles est le plus séduisant. C’est affaire de goût. Il est vrai qu’il porte beau, mais les coqs Marans, Limousin ou le Merlereault on peu à lui envier.
Et des chanteurs qui ont du coffre
Accessoirement et tout à fait entre nous, si vous détestez vos voisins, acquérir un coq est une excellente façon de leur faire savoir. En retour, vous risquez une convocation chez le juge où votre bonne foi restera à prouver. Ainsi va la ville à la campagne ! Les animaux y trouvent de moins en moins leur place, alors qu’il est difficile d’y déloger 4x4, quads et motos qui viennent régulièrement y déverser leur douce mélopée.
Une règle de bon sens voudrait qu’en habitat dispersé et avec l’accord des voisins, on puisse héberger un coq. En habitat regroupé, cela devient plus difficile, car les rythmes actuels de travail ne sont plus ceux d’autrefois et que le coq n’a pas encore été formé en conséquence. En ville, n’y pensons pas ! Et c’est pourtant dommage pour les mélomanes, car le coq peut avoir un très beau chant. Ceux de nos races hexagonales sont quelconques, mais, dans certains pays, ce sont des stars. C’est le cas du chanteur Berg, natif de Germanie ; du chanteur Kosovo, son voisin des Balkans ; du turc Denizli, des japonais Totenko et Koeyoshi et de bien d’autres encore de par le monde. Il en est un, originaire d’Indonésie, le Ketawa, qui est surnommé « le coq qui rit » ! Son chant est effectivement proche du rire humain et, pour certains, particulièrement mélodieux (La revue avicole n°1732, JC. Périquet). Cela peut être de nature à amadouer les voisins grincheux, quoiqu’il ne soit pas impossible qu’ils supposent qu’on se moque d’eux.
Est-il « méchant », le coq ?
Cela peut arriver et d’après ma déjà longue expérience, j’y vois trois raisons.
La première est génétique. Un coq agressif aura plus facilement une descendance mâle aussi mal lunée que lui. Par ailleurs, certains ont des coqs de combat dans leurs ascendants.
La seconde raison à une attitude agressive est la claustration et la façon dont il a été élevé. En univers clos, il est compréhensible que le coq se croie dans l’obligation de défendre ses poules. Faute pour celles-ci de pouvoir s’éloigner d’un coq intrus, il se sentira obligé de lui voler dans les plumes. Dans le même ordre d’idée, je n’ai jamais connu de coq agressif né dans mon élevage et m’ayant côtoyé quand il était poussin. Par contre, j’ai hébergé un coq issu des œufs de mes poules, né et ayant grandi dans un autre élevage. Une teigne ! On l’appelait Gauvin, allez savoir pourquoi…
Enfin, une bonne raison à expliquer qu’un coq est méchant, c’est qu’il est un bon coq. Il défendra ses poules jusqu’au bout. Dommage qu’il soit si buté et nous attaque dans le dos !
Et le coq vierge alors ?
Le coq vierge est un coq de moins d’un an qui n’a pas connu la gent féminine. Les dernières semaines de sa vie sont consacrées à s’alimenter richement, de manière à se constituer une bonne petite graisse qui fondra doucement à la cuisson en lui conférant une saveur inoubliable. Au féminin, on parle de poularde.
Michel Audureau
Poules et Jardin, n°14 - 2017