Parfois, les nouveaux propriétaires de poules sont surpris de constater que certaines boudent obstinément le perchoir de leur poulailler. Faut-il s’en inquiéter et, si on en équipe sa basse-cour, quelle est la véritable utilité d’un perchoir correctement conçu ?
Par un lointain souvenir remontant à la jungle de ses ancêtres, la poule a conservé l’instinct de se percher pour échapper à ses prédateurs nocturnes. Le soir tombant, elle cherche les branches basses qui lui serviront d’échelle pour s’élever dans la ramure. Il en va ainsi depuis des millénaires, mais, sélections, croisements et mode d’élevage récents ont parfois mis à mal cet atavisme protecteur. Aussi, si la plupart des poules cherchent à s’élever le soir venu, certaines sont trop « handicapées » pour y parvenir. Il y a d’abord les volailles trop lourdes, qui ont du mal à décoller leur croupion du plancher des vaches, mais aussi les hybrides industriels, qui n’ont pas connu ce type d’équipement avant d’arriver chez vous et n’en comprennent pas l’utilité de prime abord. Si vous adoptez ce type de poules, il faudra insister, soir après soir, pendant au moins huit jours, pour leur faire prendre cette habitude. Si par contre vous tentez l’expérience avec une bande de poussins et que vous leur offrez la possibilité de se percher, ils auront vite fait de tous se rejoindre sur le perchoir mis à leur disposition. Se percher est donc un atavisme chez les poules, mais il est surtout conforté par une mise en pratique dès le tout jeune âge.
Vraiment utile le perchoir ?
Dans le contexte douillet et a priori sans risque du poulailler, l’utilité du perchoir peut être discutée. Reste qu’il sert au moins à deux choses : la première, on l’a vu, est de satisfaire, pour celles qui l’ont encore, un réflexe ancestral ; la deuxième est que le perchoir place les animaux au-dessus d’une litière inaccessible de manière à éviter les souillures, maintenir une bonne hygiène et faciliter le nettoyage du poulailler. On pourrait même en ajouter une troisième si l’on considère que la position à même le sol est plus propice au développement des parasites externes (gales des plumes, poux mallophages). Donc, oui le perchoir est bien utile !
Pas de dérogations ?
Exceptionnellement, si vous n’avez que deux poules rousses qui donnent l’impression de se transformer en trapézistes dès qu’elle se déplacent sur un perchoir, vous pouvez en faire l’économie. Pour deux poules, ce n’est pas bien gênant. Idem si votre poulailler est très bas de plafond et n’autorise pas la pose d’un perchoir sans faire de trou dans le toit. Cela implique toutefois de surveiller la litière et de la changer plus régulièrement. Par contre, dès que vous élevez un nombre supérieur de volailles, et notamment des poules de chair, donc plus nombreux, le perchoir s’impose, essentiellement pour des questions d’hygiène.
Quelques règles à respecter
- Le perchoir doit être amovible pour pouvoir être nettoyé facilement ;
- Il sera de section carrée (40 x 40 mm) et légèrement arrondi dans les deux angles supérieurs ;
- La distance entre chaque barreau du perchoir sera supérieure ou égale à 15 cm. La raison en est qu’avec une cote inférieure, la poule perchée déposera ses fientes sur la barre suivante.
En résumé, le perchoir fait partie des équipements à plusieurs titres souhaitables d’un poulailler bien aménagé. Mais si une poule refuse de l’utiliser, que vous n’avez pas le temps de l’habituer ou qu’elle s’obstine à le bouder malgré votre insistance, laissez-la ! À partir du moment où elle est en sécurité et n’en subit pas de conséquences visibles, qu’elle fasse sa vie, ou plutôt sa nuit, comme bon lui semble !
Vertical ? Horizontal ? A quelle hauteur ?
Sauf peut-être pour deux volailles, et encore, le perchoir horizontal est nettement préférable. La raison en est que le poulailler est une zone de hiérarchie encore plus tatillonne qu’une caserne. Si le perchoir est vertical, du type échelle, il y aura d’incessantes bagarres pour savoir qui sera le plus haut perché ! C’est aussi la méthode la plus hygiénique, car elle évite aux poules percher de fienter sur celles d’en dessous. Quant à la hauteur de fixation, si l’on exclut le cas d’un petit poulailler en kit qui impose des cotes, l’idéal est le perchoir situé à un mètre au-dessus de la litière, de façon à faciliter le nettoyage et à moins exposer les volailles au dégagement d’ammoniac produit par les fientes.
Poules et Jardin - Juillet 2016 - Ginger