En attendant de trouver la poule qui pondrait d’excellents œufs de belle taille, 365 jours par an, et, pourquoi pas, pendant 20 ans, il va falloir nous contenter de performances plus modestes, même si elles sont honorables et perfectibles. Et surtout, si vous êtes à la rechercher d’un cheptel aux performances de ponte hors pair, ne vous arrêtez surtout pas à celles qui sont revendiquées dans les standards !
Grâce à la sélection, dont la domestication est l’un des aspects, la poule a fait d’énormes progrès au regard de son ancêtre sauvage qui ne pondait que 6 à 12 œufs par an, au printemps, dans un objectif unique de reproduction.
Votre poule domestiquée peut, elle, presque pondre un œuf par jour, pour celles atteignant des records, en se passant de mâle pour stimuler sa ponte, ce que les autres oiseaux savent rarement faire.
En élevage familial, seule la caille est suspecte de pondre plus, mais par charité, nous ne ferons aucune remarque sur la taille de ses œufs. La poule peut donc être fière de sa ponte !
Pourquoi dans une même race, certaines poules pondent-elles plus que d’autres ?
Il faut le savoir, quand bien même on aurait choisi une poule de race présentée comme excellente pondeuse, son bagage génétique lié à la ponte, identique à celui de ses consœurs, s’active avec plus ou moins d’empressement selon les races et les sujets. C’est donc par une sélection constante, quelles que soient les races qu’on obtient des scores supérieurs. Les poules que nous élevons pour une même race, peuvent avoir été bien sélectionnées ou, a contrario, ne plus l’avoir été depuis longtemps. Voilà pourquoi il nous arrive d’acheter une prétendue « bonne pondeuse » qui s’avère ne pas l’être…
De bonnes pondeuses de races traditionnelles
Beaucoup de nos races étaient, à leur âge d’or, de bonnes pondeuses en plus d’être, on ne le dira jamais assez, succulentes. Leur disparition de la scène de la production de masse de leur remplacement par des animaux issus de croisements modernes au sortir de la dernière guerre font qu’elles ont été sauvegardées uniquement par les élevages amateurs. Or, ceux-ci n’ont pas la production d’œufs pour objectif. Leurs animaux sont destinés à être présentés en concours où l’on juge l’adéquation du phénotype des races présentées avec le standard officiel. Il en a résulté une absence de sélection de leurs qualités fermières, ponte de chair, pendant des décennies.
Aussi, inévitablement, pour la plupart des races locales, le nivellement s’est fait par le bas. Telle race qui, à son heure de gloire pouvait revendiquer 240 œufs par an, a vu, faute de sélection, se performances s’étioler pour se situer désormais un bon tiers en dessous, un score tout à fait honorable pour d’anciennes « pros ». C’est le cas de presque toutes nos pondeuses d’autrefois. Certaines, toutefois, se sont bien maintenues ou ont été à nouveau sélectionnées et affichent des performances de pontes enviables.
La Géline de Touraine qui, dans les concours de ponte du début du siècle dernier était primée avec des scores supérieurs à 240 œufs par an, se situe encore aujourd’hui au-dessus de 200 (donnée issue de relevés de ponte annuels) et, pour certaines, proches de leurs records de la belle époque. Sa cousine, la poule du Berry, était redescendue à 150/180 œufs par an. Mais après la sélection, la voici remontée à 200. La Gasconne annonce le même score, de même que les Barbezieux et les Marans. Ce sont toutes des poules noires à crête simple, hormis quelques plumes rousses dans le camail de la Marans.
Chez les autres stars du patrimoine avicole français, la ponte se situe plutôt autour de 150/180 œufs par an, ce qui est un score tout à fait correct en élevage familial. On pourrait, par sélection au nid-trappe -pour ceux qui ne connaissent pas ce type de matériel, il s’agit d’une caisse servant de pondoir, dont l’unique ouverture est commandée par une planchette basculante qui ferme ladite ouverture dès que la poule est entrée. Ce « piège à pondeuses », qui implique une identification par bagues numérotées de chacune des poules, permet d’enregistrer les pontes individuelles journalières, améliorer leurs performances, vu qu’elles n’ont pas été sélectionnées depuis fort longtemps. C’est le cas des Faverolles, Houdan, La Flèche, Coucou de Rennes et de presque toutes les autres. Certaines ont peut-être été sélectionnées en ce sens récemment, mais c’est vérifier.
Aussi, si vous achetez des poules de races locales pour votre production d’œufs, demandez au vendeur si sa souche est bonne pondeuse. Les scores de ponte annoncés sont ceux de la première année, lorsque la poule est âgée de 6 à 18 mois. Ensuite la ponte va baisser régulièrement, pour toutes les volailles. Ces races locales, rustiques, ont été sélectionnées par le passé pour répondre aux besoins de l’élevage fermier, dont les critères sont proches de ceux des élevages familiaux.
De bonnes pondeuses issues de croisements récents
Aux Etats-Unis d’abord, puis en France au sortir de la dernière guerre, à partir des volailles traditionnelles, des croisements et sélections ont été opérés afin d’améliorer les rendements de ponte dans des conditions nouvelles d’élevage intensif. La reine de ces nouvelles pondeuses est la poule rousse qui, en réalité, se décline en de multiples versions, toutes d’excellentes pondeuses. Il faut toutefois pondérer ses qualités en fonction du mode d’élevage. En élevage familial, c’est -à-dire celui qui nous concerne, il ne nous reviendra pas à l’idée de lui imposer au moins 10 heures d’intensité lumineuse par jour ni de surveiller son alimentation dans le moindre détail. Aussi, chez vous, elle restera excellente pondeuse, mais se contentera de 250 œufs par an en moyenne. D’autres poules, elles aussi croisées et sélectionnées, sont venues depuis la rejoindre : des croisements du type Marans, Sussex ou Limousine qui, quoique moins performantes que leur concurrente la poule rousse, sont aussi excellentes pondeuses.
Poules et Jardin - Septembre 2017 - Ginger